Après le Chemin,
Que reste-t-il de tous ces pas accomplis sous le soleil, la pluie, mais aussi la grêle sur l’Aubrac ? Est-ce que tout ceci à un sens ? A n’en pas douter, certainement. Car nous avons marché en pleine communion au cœur de cette nature que nous aimons tant, dans un isolement qui a même pu être parfois pesant et nous inquiéter. Mais tellement propice à la méditation, celle qui élève vers le très Haut. Pouvoir prier en toute quiétude, écouter le silence, si puissant qu’il devient parole, il favorise l’écoute, transcende la foi. Des pas et un dialogue avec soi, aller au plus profond de soi pour mettre de l’ordre en soi, déposer. Repenser le sens de mon engagement au sein du Secours Catholique car depuis mon arrivé dans l’institution, j’ai un peu de mal à trouver mes repères, trop souvent j’entends des propos qui ne sont pas en adéquation avec les fondamentaux de notre mission, qui sont d’aller à la rencontre des plus pauvres, ceux que notre société a jeté sur le bas-côté, se mettre à leur écoute, les soutenir, les remettre debout en les accompagnant pour construire avec eux une société plus juste et plus fraternelle. C’est réaliser que l’on peut vivre avec peu de choses (8kg dans le sac, nourriture comprise. Et je n’ai pas tout utilisé) dans ce monde tellement futile et matérialiste. Vivre comme un nomade, le pèlerin est un être libre, il vit en dehors du temps, des harcèlements du monde médiatique, il marche sur le chemin des étoiles, il est une poussière d’étoile au même titre que ceux qui ont cheminé vers Compostelle avant lui depuis des siècles. Des pas pour réunir le corps et l’âme, ouvrir notre esprit, se laisser conduire vers le cœur de l’autre. C’est le sens de toutes ces rencontres faites en chemin où il n’y a plus de barrières sociales, confessionnelles, d’âges ou autres. Pour conclure, le pèlerin redevient un être humain car il n’est plus aliéné par trop de confort, il redevient lui-même et vit des joies simples qu’il avait oublié dans sa vie d’installé.
Lorsque nous sommes rentré à la maison, j’ai dit à Claudine, « ne range pas les sacs » car déjà l’appel du chemin résonnait dans ma tête.