Je ne peux que saluer l’efficacité, la persévérance, la présence d’esprit mais aussi la gentillesse de Louis Gruel qui aura investi toutes ses compétences et ses ressources pendant quinze années au profit de l’Observatoire de la Vie étudiante. C’est une bien triste nouvelle que d’apprendre sa disparition aussi brutale.
C’est pratiquement tout au début de l’aventure de l’OVE en 1993, que j’ai eu un premier contact avec Louis Gruel lors du concours de l’Observatoire auquel j’avais participé et qui m’avait été décerné pour mon mémoire de maîtrise. Et puis, je l’ai rencontré à nouveau en 1996, lors de la remise des prix du concours auquel j’avais participé une seconde fois et pour lequel le jury, dont il avait fait partie, m’avait attribué le premier prix pour mon doctorat, prix qui prendra désormais son nom, ce qu’il aurait sans aucun doute beaucoup apprécié, étant donné l’investissement qu’il y apportait chaque année.
Nous avons pu échanger ensuite de nombreuses idées, particulièrement sur l’unité et la diversité des conditions de vie et d’étude des étudiants, qui nous avaient amenés par la suite à commencer la rédaction d’un ouvrage sur le renouveau du monde étudiant, auquel nous n’avions pu donner suite, pris chacun par d’autres tâches. Son ouverture d’esprit mais aussi son esprit critique, son sens du dialogue, ses conseils également, m’avaient déjà apporté beaucoup. Je n’ai pu par la suite que constater son efficacité, sa rigueur, ainsi que celle de l’équipe avec laquelle il concevait les nombreuses enquêtes de l’OVE, gages de scientificité, unanimement reconnues dans le monde de la recherche.
Notre collaboration s’est finalement concrétisée dix ans plus tard par mon intégration au Comité scientifique de l’OVE national, soutenue par Louis Gruel. C’est encore à sa demande que j’ai pu participer à l’élaboration de la chronique historique sur le monde étudiant qu’il a co-dirigé et qui a abouti à la publication de l’ouvrage collectif Les étudiants en France, paru récemment.
Je n’imaginais pas, lors de la remise du premier prix obtenu pour mon doctorat, à quel point mon parcours professionnel serait ensuite lié à celui de l’OVE, et à Louis Gruel, qui aura éclairé grandement mes connaissances du monde étudiant, mais aussi celui de la culture universitaire et de la sociologie bourdieusienne qu’il aimait tant explorer. Un grand merci malheureusement sans sa présence.
Valérie Erlich.