Le tir du Roy, et les Rois du tir…
…quatre bougies fumantes et tremblotantes dans la pénombre, le sympathique tohu-bohu de la foule impatiente, le coup de sifflet impératif du président réclamant le silence et les premiers archers issus du tirage au sort se présentent sur le pas de tir.
La tension est palpable….petits et grands encochent nerveusement leur flèches, les arcs se bandent…..et même si les bras tremblent un peu, le vide se fait dans les esprits…..
Au claquement sec des cordes répond aussitôt le sourd impact des flèches sur les protections…
Un « oooohhh.. » de dépit parcourt l’assistance, une flamme a vacillé au passage d’une flèche… !
Peu de temps pour les commentaires, la deuxième série s’avance, arc en main…
Les concurrents se succèdent, à la cadence d’une série toutes les trente secondes…
Soudain un cri, comme une délivrance, poussé par la foule attentive….une flamme s’est atteinte au passage d’une flèche.. !! Aussitôt les arbitres se précipitent, leur contrôle est sans concession, la flèche ne doit pas avoir de traces de cire, et la bougie doit être intacte… !
Le sourire et les applaudissements des juges, déclenchent une rougissante hilarité chez la jeune Damoiselle Julie, déclarée première reine de la journée.
Les tirs reprennent, pour le plaisir chez les benjamins, et pour le titre chez les adultes dépités de s’être fait souffler la primeur par les jeunes…
A plusieurs reprises des bougies sont atteintes sous les cris des spectateurs, suivis de murmures de déception lorsque les juges rallument les bougies en faisant un signe négatif de la tête, et montrant les flèches enduites de cire des malheureux concurrents.
Puis c’est sous un tonnerre d’applaudissements que Dame Nadia souffle sa bougie, les arbitres n’y trouvant rien d’autre à dire que les félicitations d’usage, elle est aussitôt investie du titre de Reine, avec le délicat honneur de représenter Chanac à la réunion annuelle des rois et reines, chez nos amis les « chtis ».
C’est donc avec une certaine dose d’humilité, mêlée de quelques grammes de jalousie humiliée, que les messieurs, ou plutôt, les gentils damoiseaux devrait-on dire pour la circonstance, se succèdent sur le pas de tir pour le titre de Roy, massacrant allègrement les bougies, les paillons, les flèches des compagnons… sans autre succès que celui d’avoir réussi à dessiner avec les flèches l’ombre de la bougie sur la paille…
C’est à la fin du temps impartit, après un ultime coup de sifflet paralysant de la part de notre maître à tous, du Yoda des archers, je veux parler de Messire Lilian, et courbant l’échine sous le flot de quolibets de ce dernier, que penaudement, la cohorte de triste sires maladroits s’est vu infliger l’ultime déshonneur de nommer leur souverain par le tir à la pastille jaune. (rien à voir avec une célèbre marque de pilules laxatives.) (NDLR)
Le sort en était jeté, il nous fallait un roi, coûte que coûte, et c’est dans un dernier sursaut d’orgueil que notre René des bois sauva la face de la gent masculine, d’une flèche vengeresse et néanmoins excentrée…
il en reçu les honneurs, les applaudissements nourris de ses compagnons d’infortune, et accessoirement une belle écharpe de cardinal, ce qui avec sa barbichette, lui donnait des airs de Richelieu.
Ce n’est qu’après avoir sacrifié aux nécessités chevaleresques des remises de trophées, diplômes et autres accessoires de règne, que nous pûmes enfin festoyer, ripailler et s’abreuver, en remerciant, qui Saint Jude, qui Sainte Rita ; patronne des causes perdues, comme chacun sait.
Bref ce fut beau……grand…..et…..calorique.. !
*La photo de groupe, enfin, nous fit nous retrouver à nouveau dans l’esprit de ce que nous n’avions jamais cessé d’être tout le long de cette après midi ; une famille, un corps, une confrérie.
Et quand l’un faibli, c’est l’ensemble qui le soutient…..et s’il y avait une morale à cette belle journée je la laisserais sans doute à Maître Yoda ; « …si partager tu sais,….. alors recevoir tu dois… »…
et moi de rajouter « à Saint Jean Baptiste, seules les cibles on leur côté obscur…… »….*