Heri et nunc et semper (Hier, maintenant et pour toujours)
Tu es tellement vivant, Jean-Pierre ! A l’évidence nous ne pouvons pas croire que tu nous as quittés comme ça, sur un triste malentendu routier. Ce n’est pas possible. Tu n’as eu ni peur ni souffrance, je l’espère, mais nous, si.
Mille souvenirs de toi nous reviennent aujourd’hui, ceux d’un personnage aux dons et facettes multiples : le cycliste doué d’une exacte science du coup de pédale, l’animateur de nos chers rassemblements aux improbables improvisations chantées ou débitées, l’œnologue et gourmet accompli et partageur.
Et puis surtout le compagnon de route indéfectible, celui qui s’enquérait de la moindre défaillance de l’une ou l’un d’entre nous dans le peloton, nous aidant parfois de poussettes ou de conseils avisés. La socquette légère, tu n’hésitais pas à te balader littéralement, à faire l’élastique parmi nous autres souffrants. Tu étais bien souvent au-dessus de nous, sportivement parlant, mais d’égal avec chacun d’entre nous, humainement parlant.
Et puis tu as toujours su nous surprendre agréablement, lors du stage à Nant en 2014 notamment :
Lors d’une après-midi de repos, à l’heure de la sieste, nous sommes partis tous les trois, avec Claudia, en quête de trouver l’épicentre du mouvement du Larzac, au début du mois de juin 2014. Il faisait chaud, nous roulions vitres ouvertes, perdus de rires sur ce plateau westernien, près du Rajal del Gorp (« Source du Corbeau » en rouergat), un cirque naturel dolomitique au nord-ouest de La Cavalerie. Arrivés au lieu-dit Blaquière, nous avons fouiné parmi les fermes aux volets fermés, pour tomber finalement sur la bergerie située en contre-bas, construite en 1972-1976 par des bâtisseurs bénévoles, militants, étudiants, paysans… Sur fond d’étranges bruits de mortiers, provenant sourdement du terrain militaire adjacent, nous avons relu un à un ces murs qui parlent, ces linteaux gravés de bas-reliefs et de slogans communautaires de l'époque. Un pèlerinage.
Le soir, nous attendait, dans une grotte digne de Bacchus, notre Maître d’hôtel, épaulé par notre taulier le Président, devant un autel dressé de bougeoirs et de saucissons durs comme du bois, avec pour consigne d’ouvrir chacun une bouteille de notre choix… Quelle journée!
Ces souvenirs avec toi Jean-Pierre sont inoubliables et le resteront à jamais.
Certains ne doivent pas être mécontents là-haut de te voir arriver pour prendre un relai, car ils ont soif de la vie que tu vas leur réciter. Et puis comme nous dit Roland, un relai ça ne se prend pas, ça se donne… !
Salut l’artiste, l’ami, le cycliste.
Avec toutes mes pensées pour Yvette, la famille.