Ma réponse à la lettre corporative :
Sudbury, 29 juin 2006
Monsieur Pellerin,
J’ai eu le plaisir de lire votre lettre. J’aimerais premièrement vous remercier d’avoir pris le temps de le lire et d’y avoir répondu.
Toutefois, il semble que nous n’avons pas la même perception du problème réel. Vous nous avez écrit ce qui suit :
[...] Le 12 juin dernier, en effet, M. Renaud a préféré remettre sa démission plutôt que d’accepter de relever les défis auxquels nous l’invitions. Sa décision repose sur une lecture très personnelle du rôle qu’il souhaitait jouer à CBON. [...]
Je ne peux certainement pas parler pour monsieur Renaud; toutefois, je peux observer que sa décision n’était pas personnelle, mais bel et bien professionnelle. D’ailleurs, vous dites l’avoir invité à un défi. Un défi, c’est d’améliorer le contenu déjà excellent de son émission; au lieu, vous lui avez offert une version atténué de son émission.
[...] contrairement à ce que pourraient laisser entendre certaines opinions exprimées dans les journaux ces derniers jours, Radio-Canada porte un grand intérêt à l’aspect régional dans sa programmation et tient à son intégrité.
Alors, pourquoi ne pas avoir demandé à notre région ce qu’elle pensait de l’émission?
La Société compte 20 stations régionales de radio et 8 stations régionales de télévision dans le pays. Difficile de trouver un radiodiffuseur qui se soucie des régions avec autant de constance et de profondeur. Chaque semaine, les stations régionales de radio, pour ne parler que d’elles, diffusent au total 684 heures de programmation locale. De plus, il est important de mentionner que dans ces stations, les heures de grande écoute sont régionales. Les plages du matin, de la fin de l’après-midi et de la fin de semaine sont aux couleurs de la région concernée et il continuera d’en être ainsi. Enfin, plus de la moitié des ressources budgétaires de la radio sont consacrées aux régions, ce qui n’est pas négligeable.
Bravo! Toutefois, nous n’avions jamais mis en question la quantité impressionnante de temps consacrée à la programmation locale, mais la qualité de cette dernière.
Certains on remis en question la manière dont Radio-Canada a évalué l’émission Au nord des sentiers battus. Vous vous interrogez aussi sur la pertinence de cette évaluation. Sachez que l’émission a été soumise à une grille d’évaluation dont les critères sont appliqués aux émissions produites dans toutes les régions, incluant Montréal. Il n’y a donc pas lieu d’y voir une attaque particulière à l’émission Au nord des sentiers battus ou à la station CBON.
C’est justement ce que nous critiquons, ces critères appliqués à toutes les émissions. Chaque région est différente! On ne peut certainement pas affirmer que ce qui est bon pour le Nord de l’Ontario est bon pour Montréal, ni vice versa. Si la formule de l’émission Au Nord des sentiers battus avait connu un tel succès auprès de ses auditeurs, c’est que l’émission était à la mesure des demandes de sa foule. Journaliste, artiste, et entrepreneur moi même, je sais que le produit doit s’adapter à sa clientèle. On ne peut pas présumer que tout le monde a les mêmes intérêts ni les mêmes goûts.
D’ailleurs, la station de Sudbury fait preuve d’un dynamisme qui dément totalement les accusations d’indifférence portées à l’endroit de Radio-Canada. À preuve de ce dynamisme, pensons au Prix des lecteurs Radio-Canada, un événement moteur du développement de la lecture et de la culture en Ontario, pensons au Beau gros show, qui favorise les artistes franco-ontariens en chansons. Il faut aussi rappeler que les émissions de la station de Sudbury sont bien souvent produites dans différentes régions du Nord de l’Ontario de manière à en être un reflet le plus fidèle possible.
Vous vous félicitez pour le Beau gros show, pourtant cet événement était né de la pensée de monsieur Renaud! Quant qu’au Prix des lecteurs Radio-Canada, ce n’est pas un secret que la direction menace à chaque année de couper l’événement. Quel dynamisme...
Enfin, à compter de septembre, CBON produira une toute nouvelle émission régionale et ontarienne tous les dimanches de 16 h à 19 h, trois heures de production entièrement régionale qui s’ajoutent aux heures déjà existantes.
Évidemment, je n’ai rien à reprocher à ceci; bien au contraire, j’en jubile ouvertement. J’ai hâte de pouvoir tendre l’oreille à cette nouvelle émission cet automne.
Finalement, pour ce qui est de la présence de l’information internationale et nationale dans le cadre des bulletins d’information ou des émissions régionales, elle s’inscrit dans une tendance mondiale où l’actualité locale est bien souvent éclairée par l’actualité internationale et nationale. C’est faire honneur à l’intelligence et aux intérêts des auditeurs de CBON que de leur donner accès à un portrait mondial de l’information afin qu’ils puissent situer leur région dans ce grand ensemble. [...]
Je n’avais jamais critiqué ces nouvelles; bien au contraire! Toutefois, il était question de ne pas négliger notre propre région et d’être tout aussi détaillé dans la couverture médiatique. C’est justement ce que Normand et son équipe s’acharnaient à faire, croyant être à la hauteur des standards médiatiques de Radio-Canada.
Ainsi, je vous prie de considérer sérieusement ces appels de détresse des Amis de Radio-Canada; Radio-Canada se dit être à la disposition de son auditoire. Depuis ses débuts, l’auditoire se capte sur les ondes de Radio-Canada. N’est-il pas évident que c’est au tour à Radio-Canada d’écouter son auditoire?
Au plaisir d’éclaircir cette situation dans un proche futur, veuillez accepter mes plus sincères salutations.
-Joseph Jean-Marie Gagné
Étudiant à l’Université Laurentienne, auditeur de CBON, ardent défenseur de l’idéologie de Radio-Canada comme service public géré par le public